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Un business plan pour les amener tous et dans les ténèbres les lier

Interview Project : Pelican

Par Cédric Jeanneret

Rubrique : Interviews
Date : 22 février 2009

Bonjour Fabien, merci d'avoir accepté de répondre à quelques questions pour le GROG, est-ce que tu pourrais commencer par te présenter pour ceux, nombreux, qui ne te connaissent pas ?

Bonjour, je vais essayer car parler de soi n'est jamais facile. En résumé, cela fait plus de vingt ans que je pratique le jeu de rôles, donc, autant dire que je commence à faire parti de la poussière rôlistique. Concernant mes liens avec le jeu de rôles en général, j'ai surtout travaillé jusqu'à présent pour AEG avec des illustrations dans des suppléments PDF, et pour Fantasy Flight Games pour le jeu de cartes Cthulhu et le jeu Fireborn. Du côté français, j'ai partagé avec Akae les illustrations d'Antheas (éditions Icare). A part cela, je suis illustrateur pour pas mal de maisons d'éditions et, plus récemment, en charge de la direction artistique de CDS éditions, maison que nous avons créée avec Charlotte (NDG la seconde auteure du jeu).

CDS éditions est le fruit de dix années d'un fanzine - principalement axé autour des jeux de rôles Les Secrets de la Septième Mer, Vampire et Légende des Cinq Anneaux - qui a muté. Nous lui avons donné une structure éditoriale à base associative afin de publier en moyenne quatre livres par an - jeux de rôles, anthologies et livres d'art.

 

Et au niveau "rôlistique", quels sont les jeux que tu aimes et auxquels tu joues ou que tu as joués ?

En terme de jeux pratiqués régulièrement, il y a Les Secrets de la Septième Mer, Légende des Cinq Anneaux, Fireborn, et la gamme du Monde des Ténèbres. Plus récemment, je me suis essayé à Hellywood que j'ai beaucoup apprécié. En terme de passif, j'ai dans ma besace L'Oeil Noir, D&D, AD&D, Stormbringer, Runequest, Shadowrun, Bloodlust, Paranoia, INS/MV, etc. Et en plus de cela, il y a évidemment plein de jeux lus et non joués.

 

Project : Pelican sort ces jours-ci, comment le décrirais-tu ?

Project : Pelican est principalement un jeu d'humanité et de survie. Un jeu de survie, parce que Project : Pelican se réfère à des films, livres, jeux et autres comics liés au genre "survival". Un jeu d'humanité, parce que celle-ci intensifie le roleplaying dans le jeu. Ce thème oblige les joueurs à faire des choix par rapport à l'humanité de leur personnage, leur ressenti ou une situation critique donnée. Mais ce thème interroge aussi le regard que porte le joueur sur l'humanité en général, avec ses bons et très mauvais côtés (racisme, meurtre, stérilisation forcée, injustice, etc.). Le tout est saupoudré d'horreur. Horreur au sens large, en prenant en compte que les seuls éléments surnaturels de l'univers restent les personnages.

On cadre le jeu dans les années 70, ouvrant sur les engagements humanitaires, écologiques et sociaux.

 

Quelle est la genèse de ce jeu ?

Le jeu est né du thème amérindien en lui-même. Ajoutant à cela leurs revendication des années 70, je me suis rendu compte que tout venait de la prise d'Alcatraz (en fait la deuxième, car la première est presque passée inaperçue). Il y avait quelque chose à faire avec ces thèmes forts qui m'intéressaient grandement, en faisant surtout en sorte de ne pas tomber dans les images clichées des westerns typiques ou du vieux chaman sioux qu'on vient voir quand on est perdu au milieu d'un scénario. Un tour d'horizon rolistique m'a confirmé qu'il n'y avait rien dans ce registre. Donc, je me suis lancé dans les recherches - livres, films, musique, web et magazines - pour avoir une base solide tout en construisant le jeu et son SYSTOTEM. Une fois en place, les premiers tests confirmant la solidité du projet, il a fallu déterminer une ligne graphique, et ainsi de suite. Tout s'est fait assez naturellement, tout comme le fait de le publier chez CDS éditions pour préserver l'identité du jeu et la maîtrise d'ouvrage de A à Z. Une fois Project : Pelican terminé, avant la maquette et toute la partie finale de tests et scénarii, nous nous sommes rendu compte que nous pourrions reverser les droits d'auteur. Nous avons donc cherché une association et malgré les apparences ce n'est pas aussi simple, car bien que le jeu ait un thème amérindien, il a aussi fallu que l'association accepte le thème de l'horreur. Pine Ridge Enfance Solidarité nous a fait confiance là-dessus et j'espère que cela portera ses fruits.

 

Les personnages des joueurs sont des Amérindiens et le jeu se déroule à un moment charnière de la lutte indienne aux États-Unis. A la lecture, je me suis demandé quels étaient tes liens avec les cultures amérindiennes ?

En fait, aucun. Je me suis intéressé à cette culture la première fois quand je me suis documenté pour mes parties de Werewolf : The Apocalypse, car je ne voulais pas me laisser piéger par des clichés, mais cela remonte à plus de dix ans. En fait, le véritable déclic a eu lieu quand j'ai acheté le Courrier International hors série : « Fiers d'être Indiens ». Il y avait une photo de Natifs dans la prison d'Alcatraz. Mon intérêt est parti de là, et avec un peu de documentation je me suis intéressé à cette culture très riche. Ca m'a donné une idée de jeu et la motivation pour effectuer encore plus de recherches sur le sujet.

 

J'ai cru comprendre que les droits d'auteur du jeu seront reversés à l'association "Pine Ridge enfance solidarité", peux-tu nous parler un peu de cette association ?

En fait la meilleure chose que je peux faire pour en parler est de vous inviter à aller voir leur site (http://www.pres-asso.org/prj1.php). Leur action dure toute l'année ; elle est principalement tournée vers le soutien scolaire dans les réserves amérindiennes et l'achat de matériel de chauffage pour les plus démunis. C'est une association française qui est domiciliée dans le sud de la France mais qui a des interlocuteurs et des bénévoles dans les réserves. Donc, nous avons décidé d'agir à notre échelle en reversant les droits d'auteurs à cette association. Nous sommes conscients que la somme versée par CDS éditions ne sera pas conséquente, mais nous espérons pouvoir utiliser notre média dit "de niche" pour sensibiliser des personnes et pourquoi pas, créer un écho en dehors du microcosme rôlistique.

 

Maintenant que le jeu est sorti, as-tu des projets pour les prochains mois ? Un suivi pour Project : Pelican peut-être ?

Nous n'avons pas prévu de suite à Project : Pelican qui se suffit à lui-même. Cependant, il n'est pas impossible que nous ajoutions pour les besoins des joueurs ou meneurs de jeu des cartes, et autres petits éléments sur le site. Tout cela gratuit, évidemment. Pour la suite, CDS éditionss a déjà un autre jeu en création : There's Alive. Ce jeu se base sur les films de zombis, des plus vieux aux plus récents, mais pas dans la veine de Brain Soda ou du jeu de plateau Zombis. Non, le créateur a décidé de s'appuyer sur le fait que les personnages sont des rescapés d'invasion zombi : vous êtes l'un d'eux, l'un de ces rescapés. Jusqu'où irez-vous pour préserver votre existence ? Qu'êtes-vous prêt à sacrifier ? A partir de là, ce sont principalement des scénarii one-shot qui se dérouleront. Pour continuer sur CDS éditions et le jeu de rôles, nous avons un autre jeu en création mais celui-ci sera probablement prévu pour 2011. Cela sera le premier jeu à suppléments de la maison d'édition. Je ne peux en dire beaucoup plus sur le sujet mais en tout cas une chose est certaine, on y parlera de révolution (pas française) et cela sera un jeu fantastique.

En ce qui concerne mes projets plus personnels ils tournent plus autour des livres pour enfants, de couvertures pour différentes maisons d'édition, probablement une participation à la suite du jeu Antheas qui a un long potentiel de vie rolistique, ou chez d'autres éditeurs de jeux de rôles qui peuvent apprécier ce que je fais, etc .

 

Merci Fabien d'avoir bien voulu répondre à ces quelques questions, un mot de la fin ?

Le mot de la fin sera peut être un peu classique, je ne sais mais toujours est-il que cette aventure pleine de XP n'est possible que parce que les gens m'ont soutenus et aidés. Notamment Charlotte qui a su fait un beau rewriting, et surtout qui a su trouver les nouvelles d'introduction de chapitre qui collent vraiment avec le jeu et permettent une mise en ambiance comme je le souhaitais. Évidemment il y a aussi eu les soutiens des rolistes, mais l'autre pilier fort du jeu est Nelly qui a eu la patience de lire, et relire le jeu pour le corriger alors que l'horreur n'est pas normalement sa littérature et qu'elle n'est pas rôliste. Bref je partis seul et nous revînmes plein, alors j'espère maintenant que le jeu trouvera son public et que les rôlistes et les autres l'apprécieront autant que j'ai pu m'investir dedans.