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Je demande qu'on sorte des jeux de rôles convenus et des scénarios écrits d'avance (N. Sarkozy)

Chimériades 2014 - Le temps du retour.

Par Jérôme 'Ficheur fou' Bianquis

Rubrique : Reportages
Date : 20 mai 2014

Les Chimériades furent pour leur quatrième édition marquées par des phénomènes temporels divers et variés. L'équipe de convention du GRoG, n'écoutant que son courage, s'y est rendue.

A l'aller, premier phénomène temporel : Jai loupe son train vers Lyon pour cause de jour férié dans les transports en commun et on le prend finalement à Valence. Le co-voiturage entièrement rôliste permet de discuter tranquillement. Autre phénomène étrange, le GPS essaye assidûment de nous tuer en nous entraînant sur des chemins de traverse réservés aux 4x4 et encore. Il nous faut nous résoudre à refuser toutes ses propositions tant qu'elles ne concernent pas une route goudronnée. Et c'est ainsi que nous arrivâmes enfin au lieu de notre quête, où de grands exploits étaient prophétisés. Un château, mélange improbable de diverses époques, témoignait que le lieu avait déjà connu quelques accidents temporels. Et vous pouvez compter sur nos preux chevaliers pour en créer d'autres.

Chaque salle comporte un décor dans le thème de la charogne : momie, mariée macabre, vampire, tableau de chasse de serial killer, etc. Le premier soir est celui de la cérémonie d'accueil et d'ouverture de la convention. Nous y sont présentés les invités d'honneurs de la convention, dont trois qui viennent de loin : Robin D. Laws, Jeff Richard et Charlie Krank. Le premier, auteur du récent Hillfolk, est venu, par un curieux téléscopage temporel, tester la future deuxième édition de Feng Shui, jeu qui inclut du voyage dans le temps. Jeff Richard travaille dur sur les dernières étapes de la sortie du guide de Glorantha, un gros succès de souscription qui se propose de présenter à fond le monde issu de l'imagination de Greg Stafford. Enfin, Charlie est un habitué, présent à toutes les Chimériades et patron de Chaosium, le plus ancien éditeur de JdR encore en activité. Les invités français sont au nombre de trois également, dont un qui ne le savait pas. Pierre Pevel renouait avec le JdR grâce à la sortie des Lames du Cardinal, tiré d'un de ses romans ; Loïc Muzy est un illustrateur en vue ; et la surprise du jour était de voir en invité le cyber-pape en personne, Mahyar Shakeri, aujourd'hui en plein recyclage justicier. « I am Batman » est son nouveau credo... Rien ne l’arrête, et surtout pas les problèmes de paradoxe temporel ! Nous étions invités, pour cette cérémonie, à nous vêtir de noir et de blanc, ce que je fais, employant même les boutons de manchette et la pince de cravate de l'Appel de Cthulhu, au grand amusement de l'équipe Sans Détour que j'aide un peu à monter son stand.

Mon bilan personnel est contrasté en terme de satisfaction autant que de période. Vendredi après-midi : Warhammer 2° éd. directif parfois mais qui me donne sérieusement envie d'y rejouer. Le soir : BRP Mecha, un jeu de combat de robots géant pas très convaincant, surtout vu mon état de fatigue qui m’envoie au lit à minuit. N’empêche que je jouais Mazinger Z, aux côtés de Goldorak, face à divers Kaïju autour des ruines de Fukushima, et que c'était spectaculaire. Le meneur était l'auteur italien du jeu. La conférence de Robin D. Laws sur le game design est intéressante.

Le samedi matin j'anime une bonne heure de conférence-débat sur la publication de JdR par souscription. Les discussions sont nourries, grâce à la présence de quelques auteurs et éditeurs ayant une pratique de la chose, comme Fabien Deneuville qui vient enfin de sortir Légendes de la Garde, Alias qui fait sa dernière campagne Tigres Volants de cette manière et Lionel Jeannerat qui confirme l’intérêt non seulement financier mais aussi en terme de notoriété et de possibilité d'accès aux subventions de la formule. En Suisse, il a pu faire subventionner son supplément par les pouvoirs publics et s’apprête à récidiver avec des projets encore moins avouables...

Samedi AM : Feng Shui 2 mené par Robin D. Laws et joué par Eric Nieudan, Tonton Alias, JeF du GRoG et moi-même. Les règles de Feng Shui avaient marqué une étape importante dans la simplification et la rapidité de gestion des actions les plus échevelées, et cette version est encore plus Feng Shui, si c'est possible. Je meurs au bout du scénario, après quelques dernières paroles pour transférer ma quête existentielle sur mes camarades survivants, mais pas avant d'avoir descendu des douzaines de sbires.

Sans Détour et l'alcool, les meilleurs histoires ne sont pas forcément les plus courtes. Dès le premier soir, le foie de Sans Détour fait une première victime, qui frôle le coma éthylique pour avoir simplement voulu les suivre dans leur cadence de descente de bière.. Le naïf ! D'ailleurs cela était prévisible : les orga ont proposé des cartes de dépense de dix et vingt euros, achetables à l'accueil, mais aussi une carte de cinquante €, uniquement utilisable pour les bières de la buvette et la seule à porter le logo SD...

Quatre ravitaillements ont été nécessaires pour les abreuver ce week-end, bien plus que prévu par les organisateurs. Il suffit aux non-initiés de voir leur tableau de chasse pour croire à un écoulement singulier du temps pendant la convention : ils ne peuvent pas avoir bu tout ça en aussi peu de temps ! Mais votre vaillant et sobre serviteur peut vous informer : non, pas besoin de distorsion temporelle, ils peuvent le faire. Ils ont des foies venus du futur, avec une nano-technologie d'élimination de l'alcool, tout simplement. Pour finir, SD fait le dernier soir suffisamment de dégâts dans les stocks de bière pour écrire un grand « merci » avec les cadavres dans la cour, d'une taille suffisante pour être vu d'avion...

Nous n'avons monté le stand que le samedi, dans une grande salle toujours animée par divers exposants, même si Ber Rolegames est reparti avec ses nombreuse caisses de jeux. Bimbo est toujours bien là, présentée par son auteur à la moustache avantageuse, qui ne se plaint pas d'être payé essentiellement en bière par son éditeur. Esteren est représenté par quelques illustrateurs sur un stand. De même, Deus l'Ascension a son stand, mais l'auteur fait aussi découvrir son prochain jeu Emba, japonisant. Entre eux deux, les Légendes de la Garde sont présentées par l'éditeur et la traductrice.

Le samedi après-midi, deux visites rapides viennent amener un peu de monde extérieur dans ce vallon perdu. Tout d'abord Elise et Bast, les deux composants du duo d'auteurs Ticemon viennent dire bonjour et goûter un peu aux conventions, dont ils tentent de se désacoutumer. Puis c'est Jérome Isnard qui vient lui aussi faire sa visite surprise et saluer tout le monde.

Le barbecue du dernier soir est toujours américain, mené de main de maître par Charlie Krank. Un amateur du GRoG veut m'offrir à boire mais Charlie offre une tournée générale. Ce sera donc pour une autre fois. Alias bosse toujours son œuvre littéraire, avant de filer faire la queue au bbq. Le wifi, notre seul lien avec le monde moderne dans cette terre perdue, oubliée de Dieu et des hommes, est tombé. Ça sent l'agonie de la convention. Les orga sont fatigués mais heureux, en dépit des quelques accidents qui ont fait heureusement plus de peur que de mal. Je suis crevé et je vais me coucher tôt.

Le dimanche matin, sous l'effet du manque de café, Christian Grussi laisse parler son instinct et déplore que la convention manque d'un centre de reproduction. Pour préparer la nouvelle génération de petits Cthulhu ? En même temps je le soupçonne de vouloir tremper ses croissants dans la bière au petit déjeuner. Cela ne les empêche pas, lui et ses amis, d'avoir réellement plein de projets, comme les jeux Oeil Noir, voire Chill et Stalker. Et d'autres encore secrets. Mais nous sommes sur la piste...

Notons que Loïc Muzy admet publiquement rêver du corps musculeux et huilé de Mahyar, qui ne fait qu'un commentaire : « I am Batman... ». Ça veut tout dire ! Mais la concurrence est rude pour Loïc, Christian Grussi étant lui aussi fasciné par le magnétisme animal qui se dégage de notre franco-iranien préféré.

Départ le matin, et retour avec un peu de bouchons. Nous croisons une grande bande de fans de 1 % sur l'aire d'autoroute, et ils sont nombreux, avec leurs grosses motos et leurs petites vestes en cuir ! Par contre la moyenne d'âge est assez élevée.

Bref encore une Chimériade de l'étoffe dont on fait les légendes. Nous attendons tous la prochaine avec impatience. A dans deux ans...