Sur un navire, la règle impose au capitaine de tenir un journal de bord. Le Grog ne fait pas exception et, au cours de ses maintes années d'existence, pas une semaine n'a débuté sans qu'une entrée soit ajoutée au journal. Pas par le capitaine, il n'y en a pas à bord du Grog, mais par l'un des administrateurs, de quart à ce moment là. Tranches de vie d'un site web...
Hebdo du lundi 12 janvier 2015Le Grog est multiple, ce qui fait sa force et parfois sa faiblesse. Vu la semaine très particulière qui vient de s'achever, plusieurs membres de l'équipage ont tenu à participer à l'historique pour marquer le coup et faire part de leur émotion. Solaris : Sur un jeter de dés, il existe des échecs critiques. Actions manquées lamentablement, parfois gênantes, souvent drôles ou inspiratrices, mais finalement jamais dramatiques. A bord d'un vaisseau, c'est différent : un coup de fouet du bosco dérape, et c'est finalement le matelot innocent qui trinque. Une ration de rhum est offerte, pas de bol, ça tombe par terre et comme El Presidente est maniaque, il faut lécher à quatre pattes avant qu'il le voit... Sans parler d'avancer tête en l'air d'un pas et de se retrouver volontaire pour un sale boulot sans avoir entendu la demande... Mais quand l'équipage, dans ses très rares moments d'inactivité, se penche sur le monde, il a parfois l'occasion de bien rire des échecs critiques des autres. Ce sont nos petits moments à nous, nos petites joies éphémères entre deux coups de semonce, ou de coups de gueule des officiers. Là, cette semaine, on s'est encore penché sur le monde. Mais, on n'a pas vraiment rigolé. D'ailleurs les coursives sont moins propres qu'à l'habitude, le fouet plus mou, les vols de rhum suspendus et la mauvaise humeur d'El Présidente a fait place à une absence de réaction. A compter d'aujourd'hui, les choses ne seront plus pareilles. Alors bien sûr, El Présidente retrouvera sa mauvaise humeur, le bosco son fouet vif et les matelots leurs chants de travail en rythme avec les gouttes de sueur qui perlent sur leur front, mais tous auront désormais dans leur coeur le souvenir lourd d'une semaine critique sans un seul jet de dés. Et tous, désormais, nous sommes Charlie. Belgarath : En préparant ma session de JdR, je me suis surtout dit : je croyais combattre les horreurs du Mythe, mais celles du monde réel sont bien pires. Mes scénarios font bien pâle figure après ça et jeter des dés semble bien futile. El Presidente : Toutes les morts se valent peut-être, mais toutes ne nous touchent pas de la même façon. Quand nous perdons un proche, la douleur est bien plus grande, le sentiment de perte bien plus durable que lorsqu'un inconnu décède. Et pour beaucoup d'entre nous, la mort de Cabu est un choc particulier. Parce qu'il avait eu une carrière d'une durée exceptionnelle, débutée au début des années 60. Parce qu'il avait su, avec des œuvres comme le Grand Duduche, toucher l'adolescent éternel. Parce qu'avec RécréA2 ou le club Dorothée, il avait fait partie de la BO des années 80-95 pour ceux qui étaient jeunes à cette époque. Il était presque de la famille, avec sa tête et sa coiffure d'adolescent même à plus de 70 ans. Et c'est presque un membre de la famille qui nous manque aujourd'hui. Le P'tit Timonier : Ce sont des gens avec qui nous avons grandi et avec qui nous avons appris à rire qui sont partis. Et nous n'arrivons pas à accepter que ce soit la raison de leur mort : simplement avoir su nous faire rire. Mais une fois le choc passé, ce qui m'a fait rire ce week-end, c'est le coup de la carte d'identité. Cela faisait longtemps qu'un MJ ne m'avait pas mis une pancarte pareille dans un scénario d'enquête ! Ah mais non. Ce n'est pas un scénario, c'est la vraie vie. Et 20 personnes sont mortes pour des conneries. Hervé : Il fut un temps, il y a quelques années, où Vif, Rob, Drilun, Geralt et leurs compagnons d'alors durent lutter contre un esprit ancien du conflit. Comment faire pour l'éradiquer de la Terre du Milieu quand le combat physique, magique ou relationnel ne faisait que le renforcer ? Ils réussirent pourtant : avec amour et solidarité ; avec sacrifice de soi et des soins ; avec des chants et des bons petits plats ; avec de l'imagination et de l'énergie... Il ne fallait pas en attendre moins d'un meneur de jeu pacifiste dont le plus grand PJ, quand il est de l'autre côté de l'écran, est un soigneur altruiste qui ne sait aucunement combattre et qui refuse tout conflit. Dur à intégrer à une équipe d'aventuriers, et pourtant il a su survivre et se faire apprécier. Il ne faut donc pas s'étonner si les toutes les morts des récents attentats ont été très difficilement vécues par ce meneur. Pas de mystère si le Grand Duduche a longtemps été pour lui une idole et l'ironie tendre et subtile de son auteur un modèle. Il ne nous reste donc plus qu'à... continuer. Le Grand Duduche est encore là et son auteur et ses amis, quoique décédés, ont l'air de faire pas mal d'émules ces jours-ci. Et puis le Grog participe au développement du JdR : quel meilleur loisir pour faire se rencontrer des gens qui ne se connaissent pas, qui ne se seraient peut-être jamais parlés, et lier des liens très forts d'amitié ? Sans parler de développer l'imagination, la curiosité, et plein d'autres choses qui riment avec diversité, tolérance et partage... Alors vite, faites plein de nouvelles tables de JdR ! Sans oublier les autres jeux... Et donc le Grog continue, plutôt que de rester inerte et écrasé par le chagrin. Il signe ainsi une semaine parmi les plus actives de ces derniers mois, avec une nouvelle gamme, The Gaean Reach, et des fiches pour La Torre de Rudesindus, Vampire : la Mascarade, Black Crusade, L'Appel de Cthulhu, Aquelarre, First Contact : X-Corps, Les Ombres d'Esteren, Wastburg, Krystal, Pathfinder - Golarion et Subabysse. Sans compter le reste... (1085 jeux, 11133 ouvrages, 23 systèmes, 14744 critiques, 467 jeux amateurs, 1005 éditeurs, 2040 bios, 4334 utilisateurs) |