Sur un navire, la règle impose au capitaine de tenir un journal de bord. Le Grog ne fait pas exception et, au cours de ses maintes années d'existence, pas une semaine n'a débuté sans qu'une entrée soit ajoutée au journal. Pas par le capitaine, il n'y en a pas à bord du Grog, mais par l'un des administrateurs, de quart à ce moment là. Tranches de vie d'un site web...
Hebdo du lundi 20 avril 2015Les orcs ont des idées, et cette année, l'idée c'est la piraterie maritime, sensée être plus rentable et plus facile que le banditisme de grand chemin. Seulement voilà, ça pose quelques soucis, mineurs, certes, d'ordre technique. Par exemple, il faut se procurer un bateau, au pire en le construisant soi-même. Oui mais en plus d'avoir des formes et une finition typiquement orques, il faut que l'engin flotte, et ça, c'est pas typiquement orc ! Après plusieurs essais plus ou moins malheureux et diverses pertes en vies orques et goblines, le dernier prototype flottait assez correctement. Comme en plus il acceptait d'aller à peu près dans la direction souhaitée par le barreur, c'était un design gagnant, et toute la bande embarqua au plus vite. Il était temps de piller les riches navires marchands qui certainement n'attendaient que ça, juste au-delà de l'horizon. Après quelques jours de navigation, l'histoire apparaissait beaucoup moins riante : entre la découverte de cette nouvelle abomination appelée mal de mer et l'absence de toute proie, la position de chef semblait de moins en moins assurée. En fait, avec le manque de vivres et le peu de succès de la pèche à la ligne sans hameçons (oubliés) ni appâts (déjà mangés par l'équipage), il avait des chances de bientôt figurer au menu de ses subordonnés affamés. Cette perspective lui causait quelques soucis, et il cherchait frénétiquement un moyen de se tirer de ce mauvais pas. Aussi, lorsque la vigie annonça une voile à l'horizon, KassKrane fut le premier à promettre un juteux butin. Et tout l'équipage, enfin ce qu'il en restait, de s'élancer vers les pédaliers qui permettaient de mettre en œuvre les roues à aubes. Par chance, il régnait sur l'océan un calme plat, et le voilier ne pouvait s'échapper. Bientôt le capitaine KassKrane sentit ses ennuis revenir : la proie était bien maigre. Vu de près, le frêle esquif était bien trop petit pour porter une riche cargaison. Espérant que la qualité compenserait la quantité, il ordonna tout de même l'abordage. Les quelques humains à bord furent rapidement submergés et dévorés par une horde de pirates affamés. Puis, les ventres temporairement apaisés, les cerveaux se remirent en route, et le pillage de la prise eut lieu dans un réjouissant chaos. Voilà qui était plus conforme aux traditions des orcs. Malheureusement, la cargaison ne comportait guère de vivres, et seulement trois curieux objets cylindriques. Le vieux TuTêt se précipita : pour une fois que son savoir allait pouvoir servir ! Il déroula les parchemins et annonça, tout excité : ce sont des archives de la légendaire bibliothèque perdue, celle du GRoG. L'un répertorie un ouvrage sur les adversaires de cabales de mages, les deux autres parlent de tragiques sagas Sur les Frontières d'un empire. Avant que l'équipage ait eu le temps de comprendre et d'exprimer une quelconque déception, KassKrane annonça que ce prodigieux butin allait les rendre immensément riches et qu'il fallait de toute urgence retourner à terre pour en négocier la vente. Acclamé par tous, surtout à cause de la phrase « retourner à terre », il vit sa popularité remonter en flèche. Savourant ce moment trop rare, il se dit qu'il serait toujours temps de trouver autre chose pour sauver la situation la prochaine fois. Demain est un autre jour, assurément. Surtout avec la mauvaise mémoire de nombre d'orcs ! (1094 jeux, 11241 ouvrages, 23 systèmes, 14839 critiques, 468 jeux amateurs, 1010 éditeurs, 2061 bios, 4423 utilisateurs) |