Sur un navire, la règle impose au capitaine de tenir un journal de bord. Le Grog ne fait pas exception et, au cours de ses maintes années d'existence, pas une semaine n'a débuté sans qu'une entrée soit ajoutée au journal. Pas par le capitaine, il n'y en a pas à bord du Grog, mais par l'un des administrateurs, de quart à ce moment là. Tranches de vie d'un site web...
Hebdo du lundi 9 juin 2014La passerelle était déserte, à cette heure de la nuit. Mais j’avançais rapidement, pressé par le froid d'arriver à mon rendez-vous. S'ils croyaient que c'était plus discret de se voir de nuit, ils étaient plus incompétents encore que prévu. Au moins, d'éventuels suiveurs devraient être faciles à repérer. Le terrain vague était au coin de la rue. Encore quelques minutes et ce serait réglé. Mais des années de clandestinité m'avaient enseigné la méfiance. J'étais en avance, et donc je pouvais faire un petit repérage. La porte de derrière de cet immeuble délabré ne pouvait guère offrir de résistance, avec sa serrure rouillée. Depuis le toit, il serait possible d'embrasser du regard toute la zone et de vérifier si mon contact n'arrivait pas avec une ombre de trop. Ah non, pas une ombre de plus, mais plusieurs dirait-on. Des gars planqués aux abords, d'autres sur le terrain lui-même, la nuit s'annonçait chaude, tout d'un coup. Si je pouvais intercepter mon interlocuteur avant qu'il n'arrive, tout était encore jouable. Sauf que ce tas de chiffons, là dans le coin derrière la palissade, ce ne serait pas mon contact de ce soir par hasard ? Donc récapitulons : ils l'ont eu, ils m'attendent pour me liquider, c'est une belle embuscade. La logique serait de filer sans plus attendre. Exclu, vu l'enjeu de ce soir. Alors réfléchissons : où est le colis ? La grosse voiture garée un peu à l'écart, vers qui un guetteur vient de faire un signe, semble une piste intéressante. On fait le tour par les ruelles et on va voir ça de plus près. Bingo ! Visiblement, celui qui tire les ficelles ce soir est dans la voiture, et logiquement, c'est lui qui a ce qui me revient. Allons le lui réclamer. Une petite approche par l'arrière, l'arme au poing, j'ouvre la porte de la bagnole et je le braque : « Docteur X, vous ici ? Quelle bonne surprise ! » J'adore voir ses yeux en bille de loto. La mallette est sur ses genoux. Sans le code que je détiens, l'ouvrir risque de déclencher la charge d'auto-destruction, pas étonnant que son équipe m'attende avec impatience au bout de la rue. Il me laisse la prendre sans résistance, ce qui prouve qu'il ne sait pas ce qu'elle contient. Moi si, et je file sans plus attendre, en emmenant tout de même la clef de contact, histoire d'être mesquin et de le retarder. Dès que j'ai atteint la planque, je peux neutraliser la sécurité et ouvrir, le matériel est bien là. Une semaine de fiches du GRoG, rien que ça : plusieurs dossiers Appel de Cthulhu, un dossier Cthulhu, un Anneau Unique en plusieurs exemplaires (!) et même une antiquité en os de mammouth. Encore une opération de routine... (1067 jeux, 10918 ouvrages, 21 systèmes, 14531 critiques, 460 jeux amateurs, 991 éditeurs, 1999 bios, 4184 utilisateurs) |