Hebdo du lundi 19 août 2013

Le dernier sort de l'archer-magicien avait tout pour accentuer son sentiment de désespoir. Les ennemis qu'il percevait comportaient entre trois et quatre cents uruks probablement, mais il pouvait y avoir des sorciers et rôdeurs parmi eux, plus une cinquantaine de quadrupèdes bien lourds - sans doute des wargs montés - et dix trolls de guerre. A cela il fallait rajouter, à l'extérieur de cet anneau d'ennemis, une centaine de probables wargs qui surveillaient la zone, et l'un d'eux, particulièrement gros et lourd, lui fit penser avec un frisson au loup-garou Caran Carach... Encore plus loin il y avait au sol plus d'une centaine d'uruks ou rôdeurs noirs pour surveiller les environs et arriver en renfort au besoin.

Et tout cela, c'était seulement ce que ressentait magiquement Drilun à l'aide des vibrations du sol. Cela ne tenait pas compte d'autres ennemis qui ne mettaient pas pied (ou patte) à terre. Les crebain et chauves-souris étaient un moindre mal, ce n'étaient que des éclaireurs. Mais ce qu'ils craignaient tous arriva bientôt. Tandis que les uruks étaient annoncés par les torches ou flèches enflammées qu'ils tenaient, Vif perçut une nuée d'arachnides géants qui les précédaient dans les arbres. Sa vue perçante dans l'obscurité lui fournit une estimation de deux cents araignées géantes.

Alors que les troupes adverses étaient en vue, le ciel fut brusquement envahi de centaines de cris. D'abord les hurlements de plus d'une centaine de wargs peut-être, terribles tout autour d'eux. Mais aussi ceux de centaines d'uruks répétant inlassablement les mêmes mots, tandis que des roulements de tambour accentuaient le côté impressionnant de leurs paroles agressives. L'onde de choc émotionnelle portée par ces cris fut d'une rare violence. De nombreux sphincters se relâchèrent instantanément, tels ceux du hobbit qui vida sa vessie et son intestin. Mais il ne fut pas le seul, et l'elfe aussi tacha le devant de ses braies. Même le nain fut impressionné par cette débauche d'agressivité et un frisson le secoua. Des Hommes des Bois pleuraient, et pas seulement les enfants dont les cris entamaient encore un peu plus le moral de leurs proches. Avant même le début du combat, le moral des défenseurs était déjà dans les chaussettes pour une grande part d'entre eux.

Taurgil traduisit pour ses amis ce que les uruks scandaient de tous les côtés, toujours les mêmes mots en langue noire : Tenebrae, Praetoria Prima, Deathwatch, Rogue Trader. Décidément, les fiches du Grog de la semaine passée faisaient bien des envieux, mais à ce point-là... Geralt, lui, ne semblait pas affecté par la situation. Depuis le temps qu'il disait qu'il ne fallait pas aller dans Mirkwood et qu'ils allaient bientôt tous mourir...

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