Sur un navire, la règle impose au capitaine de tenir un journal de bord. Le Grog ne fait pas exception et, au cours de ses maintes années d'existence, pas une semaine n'a débuté sans qu'une entrée soit ajoutée au journal. Pas par le capitaine, il n'y en a pas à bord du Grog, mais par l'un des administrateurs, de quart à ce moment là. Tranches de vie d'un site web...
![]() Hebdo du 30 janvier 2023— Entrez Deckard, je sais que vous êtes là. Et rangez cette arme, elle est inutile. L'homme en question se glisse doucement dans la pièce sombre, à peine éclairée par l'éclairage d'un panneau publicitaire traversant les persiennes de la fenêtre. Sur un sofa qui a connu des jours meilleurs, un être massif s'applique à plier des petits papiers. — Drôle de métier que le vôtre, Deckard. J'aimerais dire qu'il faut de tout pour faire un monde, mais permettez que je ne m'enthousiasme guère de la pertinence d'un Blade Runner. Deckard pose son pistolet automatique sur le bord du bar de la cuisine, entre une cannette de neotonic et des recharges vides de cigarettes électroniques. Le Blade Runner regarde ces dernières avec mépris, sortant de sa poche un paquet d'authentiques cigarettes. Son visage s'éclaire un instant d'un éclat rouge lorsqu'il l'allume. — Oui, je te permet. Cela ne changera rien à ton cas. Ça fait combien de temps que les modèles dans ton genre sont interdits ? 5 ans ? 6 ans ? Tu peux te vanter d'avoir donné du fil à retordre à mes collègues. — Qu'est-ce que vous croyez ? On nous a conçus pour être supérieurs en tout point à vous. — Cela ne m'a pas empêché de te retrouver. — Peut-être parce que j'en avais assez de me cacher. Savez-vous seulement ce que c'est de vivre comme un fugitif pendant 65 mois et 10 jours ? Ça répond en partie à votre question d'ailleurs. — Continue, tu vas me faire pleurer. Je sais très bien pour qui je travaille. Et je sais pour quoi on me paye : ne pas me poser de questions existentielles et neutraliser les répliquants illégaux. L'homme marque l'arret sur le pli de son petit bout de papier. Son visage se tourne vers le Blade Runner qui ne s'est d'ailleurs pas éloigné de son pistolet. — Évitez d'utiliser ce mot, il est insultant. Nous ne répliquons rien. Nous faisons ce dont les hommes sont incapables. Vous n'avez pas idée de ce que j'ai pu faire. — Vas y, impressionne-moi, monsieur le je-ne-suis-pas-un-répliquant. — Vous pensez être dur, Deckard, mais vous n'auriez pas fait le malin si vous aviez été à ma place. Peut-être pouvez-vous vous targuer d'être allé à Doxa. Mais ce n'est guère plus impressionnant que cet endroit où nous vivons. — Très impressionnant. Tu m'excuseras si tu ne vois pas de larmes couler sur mes joues, je suis encore tout mouillé de la pluie. On peut en finir ? — Oui, j'ai suffisamment vécu, j'en ai assez de ce monde. Je n'ai qu'un seul regret. — Tu es capables d'avoir des regrets ? — Hinhin… sans doute d'avantage que vous, Deckard. — Très drôle. Et qu'est ce qu'un pas-répliquant peut regretter après un tel palmarès ? — J'aurais aimé terminé mes fiches pour le GRoG. — … Deckard reprend son pistolet, écrase sa cigarettes, soupirant un grand coup. — Tu as une semaine…
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