Sur un navire, la règle impose au capitaine de tenir un journal de bord. Le Grog ne fait pas exception et, au cours de ses maintes années d'existence, pas une semaine n'a débuté sans qu'une entrée soit ajoutée au journal. Pas par le capitaine, il n'y en a pas à bord du Grog, mais par l'un des administrateurs, de quart à ce moment là. Tranches de vie d'un site web...
![]() Hebdo du 4 décembre 2023Le Continent reste une terre imprévisible, même après deux siècles d’exploration par les Guildes. Ce matin encore, Balder était bien au chaud dans des bras confortables, les mains dans des cheveux, à demi endormi, uniquement poussé hors du lit par l’appel mollasson d’un estomac qui n’avait pas tant besoin de manger. Mais c’était le dernier jour du Guildien et de sa caravane dans le comptoir phaleeni. Leur route reprenant dès que les Feux-du-Ciel quittent leur zénith. La douceur printanière du Pays rouge et vert les a accompagnés encore quelque lieues, le temps de passer chez la maîtresse canine, s’acquitter de leur accord, et récupérer des chiens de traque promis. Alors seulement les dernières collines couleur de brique disparurent derrière eux. Et de nouveaux écrins de s’étaler sous leurs pas. C’est alors que le ciel s’est assombri et que la tempête s’est mise à chuter violemment. L’on aurait pu croire que cela aurait poussé les voyageurs à reporter leur périple, mais non, que du contraire, on aurait dit que toutes les caravanes s’étaient donné rendez-vous pour profiter du temps qui se gâte. Et cela n’a pas manqué, après le doux printemps phaleeni, Balder et son équipage eurent le plaisir de subir les premières neiges d’un hiver inattendu. Au Col des Pierres Noires, la situation s’est encore empirée. Le vent avait poussé la neiges en d’épaisses congères et les roulottes avançaient avec difficulté, tout en risquant à chaque instant de tomber dans un fossé ou une crevasse dissimulée par le manteau blanc de l’Hiver. Comme pour se moquer d’eux, le vent gémissait entre les pics des Pierres Noires, secouant d’antiques clochettes dont plus personne ne connaissait l’usage. L’embouteillage des caravanes avait au moins cet avantage que chacune soutenait les autres en cas de coups durs. Et plus d’une fois ils durent mettre la main à la pelle pour dégager le passage. Mais jamais ils ne laissèrent d’autres se rapprocher de leur chargement : le sortilège d’art métallique Righteous Blood Ruthless Blades préservé dans une lame baignée de sang, un éclair vagabond du Voyageur, la carte Vers le Dernier Outrage, des personnalités devant payer le prix de leur arrogance, un dragon de Pinebrook, la targe de Pendragon, le traité venn’dys Personas y Dados, la première ligne du phylum nécromantique des Marcheurs Morts, la relique de la Candela Obscura, le cadeau de mariage à apporter au Château Kyotei, quelques invités supplémentaires, et puis surtout, dans une cage scellée en écume, la dangereuse Étreinte de l’Hiver, capturée à grand mal. Son influence devait certainement être à l’origine de la météo actuelle. Mais il était hors de question que la caravane de la Guilde du Rôliste Galactique s’arrête ou perde la moindre parcelle de ce précieux chargement…
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