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GenCon 2008

Par Slawick Charlier

Rubrique : Reportages
Date : 10 mai 2008

Rapport de l'agent ISH-003-AR : En direct de la Gencon 2008

Les 25, 26 et 27 Avril 2008 avait lieu la troisième édition de la GenCon France, manifestation s'imposant désormais comme l'un des événements ludiques incontournables de l'hexagone. Pour l'équipe du GROG qui était présente en force et en couleur - bleue, jaune et rose - ce fut indéniablement un grand moment de jeu, dont je vous propose maintenant un petit tour !

 

Et en plus, cette année, nous avions des t-shirts tout neufs...

 

Comme l'année passée, l'évènement s'est déroulé au Palais des congrès de Montreuil. Le salon a été déplacé à l'étage pour profiter d'un espace supplémentaire bienvenu et donner ainsi de la place à tout le monde et surtout aux jeux, puisqu'à l'espace dédié au tournoi, se sont en effet ajoutées de nombreuses tables réservées aux associations, venues en nombre faire découvrir des jeux : le GROG, la Voix de Rokugan et la RPGA pour le jeu de rôle, mais aussi le Centre National du Jeu (anciennement Ludothèque de Boulogne Billancourt) ou encore Tric Trac pour le jeu de plateau.

Des jeux, il y en avait partout et pour tous les goûts, donnant à l'ensemble une ambiance ludique bon enfant plutôt qu'une ambiance commerciale. Sur ce point, la GenCon semble s'être taillée une bonne réputation car les visiteurs ont été indéniablement nombreux à venir jouer, avec cette année plus de 9.000 entrées. Pour preuve, le stand du GROG n'a pas désempli du week-end, remplissant toutes ses tables, y compris trois tables complètes le vendredi matin, pourtant habituellement très calme. C'est au final 53 parties avec presque à chaque fois un meneur et cinq joueurs qui ont eu lieu. Si on ajoute aux parties du GROG et de la Voix de Rokugan celles de la RPGA, c'est l'équivalent d'une solide convention de jeux de rôles qui s'est déroulée à la GenCon !

 

Le stand jeux de rôle n'a pas désempli

En dehors de ces associations, les éditeurs ont également fait découvrir leurs nouveautés tandis que trois boutiques parisiennes, l'Oeuf Cube, Jeux Descartes et Starplayer, organisée autour d'un pôle de vente, ont proposé sur leur étal jeux de rôles, de figurines ou de plateau. En dehors d'une gestion de l'espace qui incluaient de larges allées, permettant ainsi de circuler facilement et de voir ce que proposaient les différents stands, on ne peut manquer de signaler tous ces petits détails qui constituent au final le "plus" qui fait la différence sans qu'on y fasse vraiment attention : salle correctement climatisée, pas d'activité trop bruyante telle que les jeux vidéos ou la musique forte, cafétéria à prix raisonnable.

Tout a donc été fait pour créer un climat agréable, chaleureux et propice aux jeux. Mais qu'en est-il donc du contenu en lui-même ? Première constatation et non des moindres, les nouveautés ont été vraiment nombreuses. Et, deuxième constatation, autant en jeu de rôle qu'en jeu de plateau.

Ubik est ainsi venu avec des nouveautés dans les deux catégories. Avec ses 400 pages, le très attendu Guide du Monde pour les Royaumes d'Acier a enfin fait surface ! C'est pourtant côté plateau que l'éditeur a fait sa promotion sur le salon, avec le jeu de figurines à collectionner fondé sur l'univers de Mutants Chronicles. De quoi goûter à son ambiance située entre Cyberpunk et Warhammer 40.000, en attendant la nouvelle édition du JdR prévue cette année. Starcraft, jeu de plateau monstre tiré du mythique jeu vidéo, constituait également une grosse nouveauté, au sens figuré comme au sens propre, l'énorme boîte affichant un matériel impressionnant pour des parties d'environ quatre heures chacune.

Les Editions du Matagot sont elles aussi venues avec des exclusivités à la fois en jeu de rôle et en jeu de plateau. Elles ont volontiers reconnu que ce sont ces derniers qui lui permettent de financer la sortie des JdR, peu voire pas rentables : "De toutes façons, nous sommes tous bénévoles ici. Notre travail aux éditions du Matagot ne nous rapporte rien. Nous avons tous une autre activité professionnelle". Cette année, l'éditeur est donc venu présenter Néfertiti, ainsi que le troisième volet de la campagne pour D&D, Pestilence, et le Boutefeu Imprimé numéro 2 pour Te Deum pour un Massacre. Une deuxième édition de ce jeu est même en préparation pour juin : un record pour un jeu de rôle historique ! Quelques illustrations de leur prochain JdR - jeu se déroulant dans une version fantastique des pays de l'est, vampires inclus - étaient aussi visibles. Repoussé au deuxième semestre 2008, ce jeu proposera en un volume règles, univers et campagne, et s'inscrit ainsi dans une nette tendance du prêt ou rapide-à-jouer.

Tendance qui s'est confirmée d'ailleurs un peu partout sur le salon, avec par exemple Nains & Jardins chez Caravelle, ou encore chez John Doe. Avec son petit format caractéristique, ce dernier a su s'imposer depuis quelques années et ce, sans activité plateau pour se financer. Il était d'ailleurs le seul éditeur du salon et reste l'un des derniers du marché à ne faire que du JdR. Le Grümph s'explique : "Nous ne faisons pas de jeux de plateau tout simplement parce que nous ne savons pas en faire ! C'est très différent du jeu de rôles, sans compter que cela demande des moyens que nous n'avons pas. Et puis nos jeux de rôles arrivent à s'autofinancer. Au pire, chaque ouvrage se vend suffisamment pour être remboursé, même les suppléments : il se vend un Plagues ou un Mantel d'Acier pour chaque livre de base du dK System. Patient 13 quant à lui est un hit, et nous pensons que Hellywood le sera aussi !".

 

Emmanuel Gharbi, de John Doe, lors de l'une des nombreuses parties de démo d'Hellywood...

 

Hellywood était donc la grosse nouveauté de cet éditeur. Toujours au format qui a fait son identité, mais en plus épais avec plus de 200 pages, Hellywood est là encore un jeu complet (règles, univers et scénario) dont l'univers inspiré des romans noirs se situe à mi-chemin entre James Ellroy et Angel Heart. John Doe était aussi venu avec le Bestiaire dK. Et le planning est encore chargé d'ici la fin de l'année, avec une autre très grosse sortie, celle de Bloodlust deuxième édition, au sujet duquel nous n'avons pas pu nous empêcher de demander quelques détails : "Le projet a démarré à la GenCon l'année dernière. Nous avons exposé à Croc un traitement d'une quinzaine de pages expliquant ce que nous souhaitions faire avec les règles et l'univers, après quoi il nous a donné son accord. Nous pensions le sortir pour la GenCon cette année, mais il devrait finalement être prêt vers septembre. Pour le format, nous hésitons encore : le format John Doe fait partie de notre identité...". Bloodlust devrait par ailleurs avoir du suivi, tout comme Hellywood, dont une campagne est déjà planifiée. Dans tous les cas, John Doe est un bon symbole de cette orientation "prêt-à-jouer" que prend assez logiquement le marché avec le vieillissement de ses joueurs, qui n'ont plus autant de temps qu'auparavant pour jouer et surtout pour préparer les parties.

Parmi les autres nouveautés, signalons l'écran pour Capharnaüm, Aventures Extraordinaires, un recueil de scénarios pour Cthulhu, au 7ème Cercle, Maudits par la Dame de Fer pour Tigres Volants, chez 2d Sans Face, dont l'Atlas de Bejofa pour Nightprowler a en revanche été retardé. Chez Asmodée, outre Helldorado déjà présenté l'année dernière, c'est Senji qui faisait la une. Les démonstrations de ce jeu de plateau entre stratégie et diplomatie sur fond de Japon médiéval ont attiré les foules. A noter qu'avec la perte de la licence D&D, récupérée par Play Factory, il n'y avait d'ailleurs pas de JdR chez cet éditeur.


Vous l'aurez remarqué, les nouveautés en jeux de plateau étaient très nombreuses cette année. Pour être complet, il faudrait rajouter à la liste plusieurs avant-premières comme l'extension pour les Chevaliers de la Table Ronde chez Days of Wonder. Sans atteindre la taille du festival de Cannes - celui du jeu, pas celui du cinéma - qui monte à 120.000 visiteurs, la GenCon semble donc désormais assez reconnue pour motiver les éditeurs à réserver des exclusivités pour le salon. Cette ouverture vers le plateau est assez naturelle et va de pair avec le vieillissement des joueurs, à l'instar du phénomène des jeux "prêts-à-jouer".

Le tournoi Dungeon Twister et Le tournoi Hell Dorado

 

Par ailleurs, ces mêmes joueurs constituent, avec conjoints et enfants, un public plus familial, plus proche des jeux de société que du gros jeu. Outre les exemples ci-dessus, nous pouvons ainsi citer le cas de Jactalea. Plus spécialisé dans le jeu abstrait, il a sorti cette année son premier jeu à thème, Les Poux, créé par rien de moins que Christophe Boelinger, le créateur de Dungeon Twister, et destiné à un jeune public. Cette orientation est une volonté clairement affichée par les organisateurs, avec pour la première fois la présence d'un espace destiné aux 7-12 ans.

Dernier élément notable, la prédominance des jeux à thèmes. La nature du public de la GenCon biaise un peu ce sujet, mais on remarquera tout de même que de plus en plus de jeux parmi ceux présentés arborent une thématique forte. Même Jactalea s'y est mis avec les Poux, et dans certains cas, Starcraft par exemple, le thème suffira à attirer les fans sans qu'ils jettent un oeil à la mécanique !

Terminons notre petit tour d'horizon par quelques chiffres. La GenCon annonce fièrement 9.000 visiteurs au compteur cette année. A titre de comparaison, le Monde des Jeux se situe dans les 20.000, mais ce chiffre inclut les visiteurs du Manga Days, le salon manga couplé avec le MdJ, et ceux venus pour le tournoi de poker. Cannes quant à lui monte à 120.000 visiteurs, mais comprend aussi un important espace dédié aux jeux traditionnels (scrabble, bridge, etc.).

Ce chiffre reste difficile à apprécier pour ce qui concerne le strict cadre du jeu de rôle, puisque la GenCon elle-même aborde d'autres types de jeux. Certes, il y avait quelques absents de taille comme Play Factory ou encore Black Book Edition. Il est vrai aussi que depuis quelques années, il n'y a plus de ces grosses sorties qui font l'événement. Il est vrai aussi que si les sorties récentes ou exclusives proposées au salon pouvaient paraître nombreuses, elles représentent une partie importante des sorties JdR du moment.

 

Mais leur qualité, leur variété, et le fait que les éditeurs aient pour la plupart réussi à sortir les ouvrages qu'ils avaient prévus, restent finalement plutôt encourageants. Quant à la GenCon, elle représente aujourd'hui un événement d'autant plus incontournable qu'elle fut, à bien des égards, particulièrement agréable.

Ce compte-rendu a été réalisé en partenariat avec Khimaira. Retrouvez un tour d'horizon des sorties de la GenCon dans Khimaira n°14 à paraître fin juin 2008, et toute l'actualité de l'imaginaire (Romans, films, BD, jeux...) dans la revue et sur http://www.khimaira-magazine.com.