Sciences Forensiques & Psychologies Criminelles

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Références

Contributeurs

Contenu de l'ouvrage

Matériel

Livre de 416 pages à couverture rigide.

Description

Cette seconde version de l'ouvrage a pour base la première. En effet, une partie importante des textes est inchangée, mais complétée par des paragraphes ou nouvelles sections, ainsi que par deux nouvelles parties. La mise en page en est plus aérée, et comporte plus d'illustrations, la plupart différentes de celles de la première édition, dont de nombreuses photos d'époque. En conséquence, après les pages de titre et d'ours, la table des matières occupent deux pages, et est coupée par une photo pleine page, contre une seule page dans la première version.

Sciences Forensiques (82 pages) débute par une histoire des sciences légales et de la médecine, qui a été complétée par rapport à la première édition. Elle se poursuit par une présentation des structures des polices scientifiques et des exemples américains, puis détaille les différentes sciences forensiques : analyse d'ADN, toxicologie, anthropologie, etc. Ont été ajoutés dans cette version la géologie, la spectrographie accoustique et les tests présomptifs. De même est apparue une section de 12 pages, Examiner une scène de crime, présentant quelques cas (corps déposé, corps enterré, dans l'eau, carbonisé et mort due à une explosion) ainsi qu'un exemple d'une page. L'équipe d'investigation de la première édition est ensuite reprise, avec des illustrations différentes.

La seconde partie, Profiling (100 pages) reprend les textes de la première édition, en les enrichissant par des éléments spécifiques, tels que le profiling géographique et celui des violeurs, par une histoire de la psychatrie, et des informations sur des techniques particulières d'interrogation (psychopathes, enfants, hypnose).

Serial Killers (64 pages) conserve la même présentation initiale, mais réorganise les portraits : les six grandes catégories sont définies, puis les tueurs historiques sont présentés sur chacun deux pages, et sont au nombre de 20 (contre 12 précédement).

La quatrième partie, Enquête (106 pages), est nouvelle. Elle débute par les histoire de la police aux USA, en France, au Royaume Uni, puis par un historique du FBI. Le fonctionnement de la police, aux USA, en France et en Angleterre sont ensuite examinés. Le tout constitue les deux tiers du chapitre. Le reste est occupé par des élements sur la conduite d'une enquête, des crimes particuliers aux Etats-Unis (Ku Klux Clan, prohibition et mafia américaine), ainsi que par neuf affaires célèbres traitées sur une dizaine de pages.

Trois scénarios ont été ajoutés à l'ouvrage, groupés dans la cinquième partie:

  • Esprits criminels (16 pages) se déroule en 1931. Les investigateurs doivent enquêter sur ce qu'ils pensent être l'enlèvement de la femme d'un sénateur. Ils se retrouvent sur la piste d'un tueur en série, et se rendent compte que les deux affaires, mais aussi les deux personnes, sont étroitement liées.
  • Les Ravages du Temps (12 pages) a pour thème une enquête sur des vieillards découverts morts dans le désert, mais qui ne seraient nés qu'il y a une vingtaine d'années. Un sorcier, vivant en cette année 2012, mais né il y a plus de 170 ans, sera leur principal adversaire.
  • L'homme creux (13 pages) a pour cadre la France des années 20, en Normandie. Les personnages sont membres de la Sûreté, et enquêtent sur un crime qui est bientôt suivi d'autres, tous visant des membres de la même famille. Trouvant le coupable, ils le poursuivent et se rendent compte des conséquences parfois inattendues de la Grande Guerre.

Les annexes sont quasi identiques à celles de la première édition. La liste des romans, films, séries, etc. à voir a augmenté et un lexique du vocabulaire policier a été ajouté.

Cette fiche a été rédigée le 2 octobre 2013.  Dernière mise à jour le 25 février 2024.

Critiques

Grégory Privat  

Je suis un collectionneur et j’ai de grandes vitrines dans mon salon. Je dois avouer que je me suis procuré certains des ouvrages de la gamme de l’Appel de Cthulhu, simplement pour boucher des “trous” dans la suite des numéros figurants sur les tranches des manuels. Par exemple, bien que j’ai dans un premier temps acheté l’édition « collector » des règles, puis celle des trente ans, j’ai fini par me procurer la version “normale”, avec le n°1 sur la tranche, qui n’a jamais quitté son étagère, simplement pour éliminer un trou.

Quand une nouvelle édition de FPSK a été annoncée et qu’il est apparu qu’elle porterait le N°31 et pas le N°5R, quand j’ai lu que le texte serait étoffé et que des scenarios complèteraient l’ouvrage, j’en ai voulu à SD. Je me voyais déjà racheter un bouquin que j’avais déjà lu, légèrement étoffé, avec une maquette plus aérée, des illustrations pleine page visant à augmenter la pagination et des scénarios que je ne ferais probablement jamais jouer. Après tout, avec une trentaine d’années passées à acheter des magazines et des suppléments, je n’ai plus vraiment besoin de nouveaux scénarios. D’autant qu’en général, je fais jouer mes propres créations.

Tout ça pour dire que je n’attendais pas grand chose sinon de la rancœur de cette nouvelle édition. Je l’aie reçue hier et je me suis penché dessus. Alors oui : la maquette est plus aérée et il y a plus d’illustrations. A propos de ces dernières, les nombreux croquis de la première version ont été remplacés par des photos des personnages. Cela permet de reconnaître le talent de EL Théo dont on devine qu’il a dû travailler sur portrait pour tous les personnages historiques. Ceci étant, les photos donnent un cachet plus sérieux au bouquin et l’ancrent (l’encrent ?) dans le style des derniers ouvrages parus. Le bouquin fait du coup plus sérieux, moins années 90 et on s’aperçoit du chemin parcouru ces dernières années.

En ce qui concerne la maquette plus aérée, qui comporte des sauts de paragraphes supplémentaires et utilise une police plus grande, la première réaction du râleur que je suis a été de me dire que mouais, bof, le gain de pages devait probablement plus être du à cette dernière qu’aux rajouts de textes. J’ai donc attaqué un feuilletage comparé des deux éditions : j’ai posé les bouquins côte à côte et j’ai commencé à tourner les pages.

Dans un premier temps, je me suis rendu compte que celles de la nouvelle édition tournaient plus vite. Un tout petit peu plus vite. Et puis je me suis perdu. J’ai donc recherché le paragraphe du bas de la page de la nouvelle version dans l’ancienne et je ne l’ai pas retrouvé. J’ai compté les paragraphes de la partie et je me suis aperçu qu’alors que le texte des deux parties que j’avais sous les yeux semblait identique, des paragraphes, parfois courts, ou très courts, parfois plus longs avaient étés rajoutés. J’avais bien remarqué que de nouvelles informations étaient parfois ajoutées à certaines parties, mais pas qu’il y en avait aussi au cœur des parties issues de la première édition.

J’ai continué mon inspection et je suis tombé sur les premiers vrais rajouts. Les premiers étaient intéressants mais pas forcément impressionnants, par exemple six nouvelles bios à la fin de la partie sur l’historique des sciences forensiques. Mais rapidement, alors que le feuilletage de la nouvelle version était déjà légèrement plus rapide que celui de l’ancienne, il s’est encore accéléré alors que des pages et des pages de nouveau matériel passaient sous mes yeux sans que celles de l’ancienne version ne bougent d’un pouce. A tel point qu’à un moment donné, j’en ai oublié cette dernière, pris que j’étais par le nouveau bouquin. Finalement, je suis parvenu à la partie du bouquin réservée aux scénarios. 40 pages. Sur 415, ce n’était pas vraiment du remplissage (et il n’y a qu’une page d’aides de jeu).

Que dire au final ? Je pensais à une arnaque. Vraiment. Et j’avais un état d’esprit très négatif sur cette nouvelle édition. Après en avoir lu quelques morceaux au hasard et avoir passé en revue l’ensemble du bouquin, j’ai du le ranger à regret sur l’étagère juste avant la boite du Rejeton dont il me tarde de finir la lecture pour pouvoir attaquer sérieusement celle de SFPC.

C’est couillon, mais s’il n’y avait pas eut ce N°31, je serai passé à côté. Et si je devais vraiment en vouloir à SD, ce serait de ne pas avoir sorti SFPC avec 4 ans de retard et une seule fois, comme ils l’ont fait pour le Guide des années 20. Mais serait-ce bien raisonnable ?


PS : j'ai déjà et je continue à bosser pour SD. Je n'ai pas participé à l'écriture de ce supplément et j'ai écrit ce qui précède en tant que "client". Je n'irai pas jusqu'à dire que je suis indépendant : si ma conclusion avait confirmé mes peurs, je n'aurai simplement rien publié ici.

Critique écrite en octobre 2013.

Machineapain  

 

On peut reprocher à ce supplément de délaisser l'aspect jeu de rôle et l'univers de Cthulhu. Malgré tout, il reste un livre absolument passionnant qui traite brillamment avec moult références de son sujet. C'est intelligent, remarquablement bien écrit, parfaitement mis en page. Vraiment, le travail de compilation de photos et d'archives criminelles est ahurissant. Alors, non il n'est pas vraiment indispensable, mais pour l'ambiance qu'il peut apporter dans une partie et sa propre culture personnelle (si on s’intéresse un petit peu à la criminologie et ses différentes branches), je ne peux que vous le conseiller. Du super boulot.

 

Critique écrite en février 2019.

Guillaume hatt  

Ce livre a la qualité classique et usuelle des livres des Editions Sans-Détour. Physiquement nous avons un livre solide, avec un marque-page en tissu, des cahiers brochés et tissés multiples. Donc c’est du solide. La Maquette est assez claire, classique. La lecture est agrémentée de plusieurs illustrations pour la pluparts basée sur des photos d’époques qui sont plutôt bien choisies.
Donc nous avons un livre de bonne facture qui résistera bien au temps et à une utilisation forcenée. D’ailleurs, j’ai assez remarqué qu’il y avait moins de coquilles et de soucis de relecture que dans des volumes précédents. Sans doute est-ce dû au fait que ce livre en est à sa 2ème édition augmentée .
Le livre est divisé en 6 grandes parties logiques (bien que le contenu se télescope parfois…, mais difficile de ne pas faire de références croisées dans ces domaines bien sûr). 
La partie concernant les Sciences Forensiques permettra aux Gardiens et aux joueurs d’obtenir un vernis suffisant pour qu’il soit pertinent d’utiliser ces techniques en jeu. Cela va très certainement apporter un côté plus rationnel et scientifique aux enquêtes. Ce qui, par détour, va sans doute simplifier le travail de tout le monde. Donc, cette partie donne un historique intéressant des techniques et permettra de mettre une bonne ambiance aux parties, avec la gestion des positions des corps, des différents indices possibles etc… Riche partie avec de très bons exemples et un tableau bien brossé.
Arrive ensuite la partie sur le Profiling, qui, d’un point de vu personnel m’a moins convaincue, bien qu’elle soit intéressante. Moins convaincu par son apport en jeu ? possible. Ou alors plutôt parce que cette partie n’apporte finalement que peu d’éléments nouveaux par rapport au profiling lui-même et les techniques mises en jeux. Il reste bien sûr beaucoup d’éléments très pertinents et qui seront utilisable en jeux. Les Techniques d’interrogatoires, la mise en place des profils psychologiques et la mise en perspective avec l’histoire de la Psychologie. Au-delà de ces bons éléments, je suis pas certains d’une utilisation aisée en jeu, par contre beaucoup d’éléments très sympa pour mettre en place une ambiance. Par exemple, la lecture des différentes descriptions des Hôpitaux Psychiatriques US est très fastidieuse, par contre elle permet au Gardien / MJ de piocher différentes descriptions et différents plans pour pouvoir y placer des évènements, voir des personnages en détresse psy suite à certaines rencontres Cthoniennes…. 
 La troisième partie relative aux Serial Killers est bien menée, avec une introduction très importante sur l’intemporalité des Serials Killers. Il y en a toujours existé, ça n’est pas un phénomène récent. Les différents éléments scientifiques amenés, les types de tueurs puis, les différents exemples (brrr, ça fait froid dans le dos quand on sait qu’ils sont authentiques !). Ces exemples permettront certainement aux Gardiens qui le souhaiterai de « facilement » mettre en place un Serial Killer dans leurs aventures. Charge au personnages de le mettre à bas !
Enquêtes…. Cette 4ème partie nous permet d’apprendre, comprendre et appréhender l’histoire et le contexte de la police et des forces de l’ordre en Amérique du Nord (un peu en  Europe aussi). A nouveau, comme c’est un peu une liste à la Prévert, la lecture en est un peu fastidieuse, mais l’utilisation en jeu n’en sera que facilité ! On va ainsi connaître et comprendre les relations de pouvoirs entre les forces politiques, de l’ordre et du monde ténébreux des Mafias aux EUA. Très intéressant d’apprendre que les EUA ont soufferts pendant des années (et en souffrent encore aujourd’hui) de collusion entre les pouvoirs politiques et mafieux pour leurs enrichissements personnels. Les méthodologie d’enquêtes sont couvertes, avec une notion historique qui permettra de préciser ce qui est dans l’époque de ce qui ne l’est pas.
Pour donner de l’ambiance et du corps à ce contexte, ce sont plusieurs grandes affaires qui sont décrites de manière simple , tout en donnant assez de matière pour quelles soient intéressantes à mettre en œuvre (en totalité ou bien en s’inspirant des différents faits.
 
Enfin la partie 5 nous propose 3 scénarios qui sont raccords avec le thème des sciences du crime et les investigations.
Un premier scénario qui va certainement faire chauffer les neurones de nos enquêteurs avec la disparition d’une grande dame, des meurtres en séries commis par un Serial Killer déjà mort (mais alors, comment fait-il ?), et la mafia qui vient mettre les pieds dans le plat. Il y a en plus plusieurs options qui permettront de mettre nos enquêteurs sur des fausses pistes ou en danger au milieu d’une guerre des gangs.
 Le Deuxième est un scénario contemporain, basé en Californie du Sud et pour lequel il est possible de mettre en œuvre plusieurs horreurs différentes. Des horreurs actuelles avec les drames liés aux guerres de gangs de la drogue, au marché de la viande entre EUA et Mexique, aux truands prêts à tout et la folie des sorciers qui souhaitent vivre très (trop ?) longtemps. Ce scénario va se finir avec un climax de folie si le tempo est bien maitrisé !
Le troisième nous est livré par Tristan l’Homme, qui conserve ici encore sa plume de scénariste d’exception. Un meurtre se déroule lors d’une réunion familiale juste après la 1ère Guerre. Meurtre. Les policiers / Investigateurs vont devoir retrouver le meurtre parmi les 40 invités, qui ont tous leurs petits secrets et leur raison de partir. Finalement, il y aura une course poursuite etc… à travers la France pour essayer de retrouver ce brave fantôme qui se remplie des morceaux des autres…. 
 
Nous avons ici un supplément absolument superbe, au moins par son contenu. L’intérêt est encore plus important que cet ouvrage pourra être utilisé non seulement pour l’Appel de Cthulhu mais bien sûr pour n’importe quel type de Jdr à partir de 1900 ! Et ça c’est un élément clé.
Bref, si le sujet des techniques d’enquêtes et leurs évolution, la médicine légale et la médecine des âmes, si une bref histoire du crime aux EUA vous parle et si en plus vous voulez faire jouer les 3 bons scénarios qui accompagnent ce livre, profitez des dernières possibilités de l’acquérir. Sinon, ça sera via les petites annonces…

Critique écrite en mars 2019.

The King  

Il s’agit d’une encyclopédie, c’est certain, mais je doute fort que ces 400 pages soient vraiment toutes utiles pour l’AdC. Par exemple, le chapitre « Sciences Forensiques » est très intéressant, mais nécessite, pour être pleinement utilisable, que les joueurs en sachent autant qu’un expert, sinon le MJ devra leur fournir les solutions en permanence.

Le style n’est pas non plus dénué de défaut : par exemple, on trouve la traduction entre parenthèse de l’expression ‘Mad Bomber’ qui me semble suffisamment équivoque, mais les termes ‘profiling’ et ‘profiler’ sont laissés tels quels dans le texte alors qu’il existe des équivalents tout à fait officiels en français. On y trouve aussi plusieurs fois des expressions du genre « contrairement aux idées reçues, etc. », que je trouve insultant envers le lecteur. Cet ouvrage contient certes de nombreuses informations, mais tout le monde n’est pas aussi inculte que le pense l’auteur.

La liste des établissements psychiatriques figure justement dans le chapitre Profiling, comme si toutes les pathologies dont souffrent ces patients étaient liées aux crimes. Surtout qu’en lisant le texte, très ennuyeux au demeurant, on apprend que ce sont plutôt les patients qui servaient de cobayes à tout un tas de Dr. Mengele en puissance, dont certains ont même eu des prix Nobel malgré les nombreux décès ou séquelles permanentes occasionnés aux patients.

Nous apprenons aussi des informations très pertinentes du genre : tel centre psychiatrique avait 450 patients en 1898, puis 722 en 1910. Impressionnant !

La liste des tueurs en série, avec leur historique, est intéressante, mais n’a ici aussi rien à voir avec L’Appel de Cthulhu. De plus, ces infos peuvent aisément être retrouvées sur le net en faisant une recherche idoine. Il existe certes des tueurs en série dans le jdr, mais on traite ici de vrais meurtriers. Donc à moins de faire du révisionnisme, tout ce chapitre tombe à l’eau. De plus si le texte est intéressant au début, il devient de plus en plus énumératif vers la fin, avec date et nom des victimes, quand une simple liste aurait suffi.

Encore un reproche : les périodes sont imbriquées, ce qui fait que l’on ne sait pas clairement à quelle époque on se réfère. C’est aussi pénible si l’on veut jouer uniquement durant les années 1890 ou 1920.

Au final, la partie contextuelle, bien qu’elle soit informative, est difficile à mettre en pratique pour le jeu. Cela reste un bel ouvrage, avec une mise en page agréable et des photos de qualité, mais je doute que cela suffise à en faire autre chose qu’un livre de plus dans la bibliothèque.

Les scénarios demanderont aux joueurs de lire les 350 pages précédentes car ils joueront des prétirés qui seront chargés d’enquêter et d’analyser des scènes de crime. Un détail amusant : l’un des prétirés du 1er scénario est un personnage censé être noir, tandis que la photo du PJ révèle une tête qui ne déparerait pas dans un défilé aryen. À part cela, les scénarios sont intéressants, même si j’ai moins aimé le premier. Celui de Tristan Lhomme est, comme souvent, excellent, avec plein de notes pour pimenter l’aventure et improviser de nouvelles scènes.

Les aides de jeu en fin d’ouvrage sont excellentes et la bibliographie/filmographie particulièrement appréciables.

Lorsque cet ouvrage est sorti pour la 1ère fois, j’avais le sentiment qu’il ne me plairait pas. Je l’ai acheté à l’occasion d’une promotion et je constate que je ne me suis pas trompé (une fois de plus). Pour jouer à COPS, il est parfait, mais une grande partie du contenu, aussi encyclopédique soit-elle, n’a à mon avis pas sa place dans l’Appel de Cthulhu.

Critique écrite en juillet 2020.

 

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les crimes, leurs auteurs et ceux qui tentent de les élucider sans avoir jamais osé le demander à votre meneur de jeu ou, inversement, à vos joueurs, est désormais à portée de main…

La gamme de l’Appel de Cthulhu aux éditions Sans-Détour s’étoffe un peu plus chaque mois d’un recueil de scénarios, d’un supplément de contexte ou des deux à la fois ; mais comme on a rarement été déçu jusqu’à présent par la qualité des publications, on se surprend à en redemander. Le présent ouvrage est en réalité la seconde édition du livre paru chez du même éditeur. Une édition bien entendu largement augmentée puisque la première ne proposait que 128 pages contre plus de 400 aujourd’hui. La base de ce supplément n’est autre que le travail d’une spécialiste des tueurs en série, Emily Tibbats (www.tueursenserie.org), par ailleurs fan de jeu de rôle et de l’AdC en particulier ; le monde est petit (et livré aux mains des Anciens comme chacun sait). Mais de quoi parle-t-on ? Le titre est peut-être le moins racoleur de toute la gamme. C’est vrai que là, on dirait plus le mémoire d’un étudiant en criminologie ou en psychologie qu’un livre destiné, malgré tout, à un jeu. Il faut dire qu’à notre époque, la prolifération des séries policières surfant sur la vague du scientisme exacerbé a tendance à nous faire passer auprès de nos ancêtres pour des « Experts » en la matière. Donc, on peut sans vergogne se laisser aller à un petit jeu de mot bien innocent : voici venu le temps de vous parler des « Experts : Arkham ».

Les scénarios de l’Appel de Cthulhu se présentant souvent sous la forme d’enquêtes se déroulant dans un monde assez similaire au nôtre, il est assez naturel d’associer les investigateurs à des policiers. De ce point de vue, les aspects juridiques et médico-légaux se sont très vite immiscés dans le quotidien des joueurs et des gardiens des arcanes. Comme souvent, le rôliste paresseux aura tenté d’élaborer une parade jargonneuse de bon aloi pour pallier à son manque de connaissances en la matière. Le but de ce supplément est d’offrir une base scientifique aux faits et gestes des personnages dans le monde du jeu d’épouvante préféré des boutiques. Attention, il s’agit d’un ouvrage de vulgarisation, pas d’une publication scientifique à proprement parler. Heureusement, d’ailleurs, car vous aurez parfois le sentiment de lire un grimoire ésotérique si vous ne disposez pas de quelques bases solides dans ce domaine et vous sentirez souvent chavirer le frêle esquif de votre équilibre mental. Bon, là, j’exagère un peu.

Les Experts : Arkham

L’ouvrage démarre par un chapitre consacré à la forensique. Ce vilain mot cache la science qui vise à étudier les traces qui résultent d’une activité délictueuse ou criminelle et cherchant à expliquer les circonstances de celle-ci. On passera en revue son historique et ses applications pratiques. En gros, vous saurez tout ce que vous devez savoir du passage au peigne fin d’une scène de crime, de l’anthropologie légale, de la balistique ou encore de la spectrographie acoustique (sic). Étrange, car il n’y a rien sur le port altier des lunettes de soleil d’un dénommé Horatio ni sur la musique des Who. Un oubli de dernière minute, sans doute. L’auteure réussit l’exploit de nous parler de tout cela sur un ton relativement compréhensible, riche en exemples. Inutile de vous dire que vous ne parlerez plus jamais d’un cadavre ou d’une scène de crime de la même manière après cela.

Le deuxième chapitre est voué à une science assez récente elle aussi, le « profiling ». Il s’agit ici de dresser le profil psychologique d’un suspect. Une série télévisée comme « Esprits criminels » devrait vous mettre sur la voie. Une fois les aspects historiques abordés et le gros de la matière proposé, on vous parlera  de l’attitude des enquêteurs lorsqu’ils procèdent à des auditions ou lorsqu’ils sont invités à négocier avec des criminels. Là aussi, le ton est plutôt vulgarisateur, même si on doute pouvoir un jour mettre tout cela en pratique lors d’une partie de jeu de rôle. Le troisième chapitre est de loin le plus sexy, avec la présentation des tueurs en série et, notamment, une impressionnante collection de véritables assassins. De quoi vous inspirer bien des méchants pour vos prochaines parties. Bon, officiellement, aucun d’entre eux n’était sous l’emprise d’une créature tentaculaire. Détail. Le quatrième chapitre sera quant à lui consacré aux services de police et aux enquêtes célèbres avec la description et l’historique des professionnels de l’investigation aux USA, en France et en Grande Bretagne notamment. J’ai été tout particulièrement séduit par une double-page (336-337) proposant une description sommaire d’un corps frappé par différentes créatures du mythe. Voilà qui nous rappelle, au milieu de cette masse d’infos, qu’on est bien dans un supplément pour l’Appel de Cthulhu.

Petits meurtres entre amis

La cinquième et dernière partie de l’ouvrage propose trois scénarios mettant en pratique une partie de votre savoir fraîchement acquis. Le premier scénario, Esprits criminels, est signé Philippe Auribeau. Il est destiné à des investigateurs professionnels et vous aurez donc un peu de mal à l’adapter à vos personnages habituels, mais des pré-tirés sont là pour vous aider. Il s’agit d’une enquête rigoureuse suite à la disparition de la femme d’un sénateur américain en 1931. Il y sera question d’un tueur en série un peu spécial… La deuxième histoire proposée, les Ravages du temps, est signée Cyril Puig et se déroule aux USA, de nos jours. L’enquête mènera un groupe d’investigateurs professionnels à s’intéresser à des corps de vieillards retrouvés dans le désert. Des vieillards d’une vingtaine d’années seulement… L’enquête s’annonce serrée, car elle devra se poursuivre malgré les pressions venues d’en-haut. Là aussi, une collection de pré-tirés remplacera avantageusement vos personnages classiques. L’Homme creux, enfin, est l’œuvre d’un certain Tristan Lhomme. Il prend place dans la Normandie des années 20. C’est un scénario un peu plus classique qui, bien que prévu pour des agents de la Sûreté, pourra être plus facilement adapté à des investigateurs normaux.

En fin d’ouvrage, vous trouverez les annexes avec une bibliographie fort complète, un petit glossaire et des fiches bien utiles pour donner du crédit à vos rapports d’enquête, d’autopsie, d’identification et autres. En définitive, que faut-il penser de cet ouvrage ? Si vous êtes un collectionneur, la question ne se pose pas. Foncez. C’est du bon, du lourd, du Sans-Détour. Si vous ne l’êtes pas, posez-vous la question sérieusement : avez-vous besoin de cette masse d’informations ? Les trois scénarios sont de bonne facture et peuvent pousser à l’achat, mais si vous croupissez déjà sous les histoires à faire jouer et que vous craignez de ne pas pouvoir assimiler les données scientifiques d’un tel ouvrage, alors il vaudrait peut-être mieux passer votre chemin. Non qu’il soit difficile à lire, mais il ne fera qu’accroître votre travail de meneur de jeu à la fois dans la préparation des scénarios et dans leur mise en scène. Si vous décidez de vous en servir comme d’un nouvel ouvrage de référence, n’oubliez pas d’en informer vos joueurs, car l’approche habituelle d’un personnage de jeu de rôle n’est pas toujours compatible avec le professionnalisme des enquêteurs forensiques…

 

 

Chronique de Genseric Delpâture publiée dans le Maraudeur n°11

Critique écrite en janvier 2014.

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